Le Bouddhisme

Né en Inde, au VIè siècle avant N. è., le Bouddhisme ou "philosophie de Bouddha" [c'est-à-dire l''Eveillé], n'était à l'origine qu'une secte parmi d'autres, recherchant une méthode de salut, une explication à la condition humaine et un remède aux maux dont souffre l'humanité. Il est probable que Bouddha (…) n'inventa pas sa doctrine. Il ne fit que concrétiser les pensées et réflexions de nombreux ascètes errant comme Lui à la recherche de la Vérité. Il eut le mérite de formuler Sa philosophie en termes simples, accessibles à tous et de proposer (…) une solution aux problèmes de l'humanité (…).
Il eut également la chance d'a l'appui des puissants (...). Ne se heurtant pas aux conceptions religieuses fondamentales de Son époque ni aux institutions politiques. Sa philosophie fut facilement acceptée et se développa relativement rapidement en Inde du Nord, (...) conquit toute l'Inde, des marches indo-grecques du Nord-Ouest à l'île de Ceylan. Dès les premières années de n. è. (…), le bouddhisme franchit les montagnes et les mers pour se répandre dans les pays d'Asie du Sud-Est, puis (. .) en Asie centrale, et en Chine. De là, il passa tout naturellement en Corée puis au Japon où il arriva en 538. Du Bengale, il conquit le Népal, puis se répandit au Tibet vers le VIIè siècle, s'étendant sur toute la Mongolie (…).
Mais après six siècles d'existence, c'est-à-dire aux environs de n, è, (…) la doctrine bouddhique exposée par le Bouddha subissait une sorte de crise : de simple philosophie de vie (...) destinée (...) à permettre aux hommes de vivre en harmonie, (...) le bouddhisme devint progressivement un ensemble de doctrines religieuses, faisant de la personne de Bouddha une divinité au même titre que les divinités hindoues (…). Ses fidèles désiraient avoir une foi moins austère et plus chargée d'espérance : (…) ils se sentaient dépendant d'une Entité supérieure el ne pouvaient concevoir une vie qui puisse se passer d'une foi en celle-ci (...). Or le Bouddha ne demandait à chacun qu'une réalisation personnelle, par un effort de réflexion, des vérité qu'il énonçait à savoir que tout ici-bas est éphémère, sujet à des changements et, par conséquent, source de douleur ; que ce sont les désirs qui engendrent (...) cette impermanence et cette douleur et qu'il est donc nécessaire de se débarrasser de ses désirs pour parvenir à se libérer du cycle des renaissances (Samsâra) et à atteindre enfin le Nirvâna, état de béatitude absolue et d'absence de désir dans lequel il n'existe plus de renaissance possible. Les voies qu'il proposait pour arriver à la réalisation de ces vérités, (...) supposaient un effort constant de la part des hommes, effort qui ne pouvait porter réellement de fruits que s'ils abandonnaient le monde pour entrer dans la communauté monastique (Shamgha) afin d'y suivre avec application la Bonne Loi (Dharma). Les laïcs, eux, avaient peu d'espoir d'arriver au salut dans cette vie ci (…). Cette vue "élitiste" ne pouvait satisfaire les aspirations de la plus grande masse (…). Aussi des schismes ne tardèrent-ils pas à se produire (…). Les divinités brâhmaniques (...) furent annexées par certains moines bouddhistes, puis plus tard la personne même du Bouddha fut conçue comme une entité divine pouvant prendre différents aspects, et tout un panthéon, tiré en grande partie de celui de l'hindouisme, s'organisa autour de cette nouvelle Réalité suprême qui avait nom le Bouddha, le Tathâgata, " Celui qui est venu", ou le Jina, "Vainqueur", (…) Les paroles que le Bouddha avait prononcées, et qui formaient (…) le fond des textes canoniques du Bouddhisme (sûtra), s'accrurent d'innombrables textes d'exégèse ou d'explication (...). Ces nouvelles Théories religieuses (…) furent bien acceptées par les laïcs indiens qui (…) voyaient en elles un aliment à leurs espoirs. Cependant quelques moines refusaient ces nouvelles théories (…). Il y eu donc deux grandes "écoles" du bouddhisme. (…) Elles furent désignées, la première [celle qui resta plus ou moins fidèle à la doctrine prêchée de son temps par Bouddha] sous le vocable de Hînayâna, "Petit Moyen de Progression" ou "Petit Véhicule", (…), la seconde [recouvrant des philosophies diverses], le Mahâyâna, "Grand Moyen de Progression" ou "Grand Véhicule". Ces deux "véhicules" étaient des voies, étroite ou large, permettant d'accéder au même Nirvâna. (...) Les théories de Mahâyâna furent confrontées (…) en Asie centrale aux religions iraniennes [Zoroastrisme] et chrétienne (nestorianisme). (.. ) Le bouddhisme du Mahâyâna s'éloigna ainsi progressivement de la pensée de Bouddha Gautama et se divisa en de nombreuses sectes (…). Ce bouddhisme du Mahâyâna, ou bouddhisme des sectes, est également appelé (…) le "bouddhisme des écoles du Nord", par opposition aux sectes bouddhiques traditionnelles qui forment le "bouddhisme du Sud".

Extraits tirés de L. FREDERIC,
Les dieux du bouddhisme. Guide iconographique,
Ed. Flammarion, Paris, 1992, pp. 13-16.



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